Bon, j'ai envie de vous parler d'une quête désespérée. Ça fait des quirielles d'années que je plonge, inspiré par le Commandant Cousteau que je matais à la télé, bien avant Hulo et ses séquences huch émotion. Enfin bon bref maintenant vous savez que j'ai 33 ans.
Et donc cela fait des années que j'attends de faire cette rencontre exceptionnelle...Je l'avais déjà vu mais de très loin c'était à Ranguiroa en Polynesie Française, excusez du peu, oui j'ai été la bas. A chaque fois que je me pointait là ou normalement on l'avait vu c'était plus la saison.
A Mullaway en Australie, pas de bol la situation météo empire, pas de sortie.
Maldive idem, elles sont parti plus au sud. Tu vas voir si elles sont parties plus au Sud, je vais t'en donner du sud, tu vas mes les chercher, j'ai deux mots à leur dire... Bref un quête impossible, une sorte de fatalité.
Je débarque donc au Costarica, au départ dans le but de me faire les iles Coco, il s'agit d'un parc national à l'instar des Galapagos, topissim pour la plongée où les gros poissons viennent en villégiature. Mais le prix (3800$) et la connerie des organisateurs m'incitent à conserver judicieusement ma tune.
Me voici donc à Playa del Coco au nord ouest de la cote pacifique pour quelques plongées et là idem la saison est passée depuis deux semaines...
Cependant, j'en profite pour prendre un daytrip avec SummerSalt centre école de plongée. La journée se déroule en trois plongées sur les Bat Island, avec un spot exceptionnel pour l'observation des Requins Bouledogues : the Big scare. Et pourquoi la grosse bleu, ben à cause des Bullshark justement et c'est parfaitement justifié. Le Bullshark c'est un des rares spécimens qui attaque à l'homme.
Consigne de sécurité à bord. On reste en groupe serré, soit proche des rochers, soit dos à dos pour éviter qu'ils ne passent entre nous et ne fassent une morsure exploratoire.
Descente rapide et stop à 15 m, la visibilité est de 20-25m. Au bout de quelques minutes, les voilà par banc d'une douzaine d'individus. Ils sont extrêmement massifs et trapus (d'où leur nom) et contrairement à la plus part de ses congénères qui se montrent plutôt timides et méfiants, lui n'hésite pas à se montrer curieux et s'approcher.
Ils tournent autour de nous. Je me retourne et je m'aperçois qu'il y en a un à moins de trois mètres. Ils mettent de plus en plus la pression, je suis pas super serein, ils ont un comportement toujours plus agressif. Tandis que nous les observons devant, il y a toujours un plus téméraire qui s'approche dans notre dos. Je tourne la tête en voilà un qui s'amène face à moi et pivote soudainement à une courte distance. Un autre choisit de nous contourner en nous surplombant, il passe vraiment prêt.
Et puis une ombre est venue sur nous, gigantesque, au moins 4 mètres de large, elle passe dans le flow de bulles lâchées par le plongeur, réalise une boucle pour replonger à nouveau dans les bulles à tout juste quelques mètres de nous. La voilà ma RAIE MANTA. Le voilà ce moment que j'ai tant attendu. Puis deux autres immenses volent de concert. Nous en avons 4 au moins au cours de la plongée. Nous ressortons tous incroyablement ébahis et heureux de cette plongée époustouflante.
Après une heure d'intervalle nous replongeons sur le même site, mais plutôt que de rester statique pour l'observation des requins, nous décidons de faire le tour du récif. The show must go on, de nouveau deux raies Manta d'une impressionnante dimension. Plus tard, alors que nous nageons en direction de la passe, je vois arriver pile-poil face à moi une raie Manta la gueule ouverte (pas de souci pour votre auteur ça mange du plancton). Elle est titanesque, je vois même le fond de son « gosier », je ne sais pas quoi faire, je suis captivé. Arrivée sur moi, elle enchaine un loop. J'en prend plein la vue, je prend aussi la mesure de sa taille 4 à 5 m de large, elle est à portée de bras... Puis venant de la gauche, une autre raie... j'en crois pas mes yeux, je met un moment pour être sur de ne pas rêver, celle-ci ressemble un véritable démon sorti des enfers. Elle est toute noire couleur charbon....
2h de plongées inoubliables.
La dernière plongée sur un site plus éloigné, sur un piton rocheux. Pas de raies Manta ni de requins mais c'est aussi un spectacle hors norme. Des bancs de poissons d'un densité inimaginable. A l'intérieur, on ne distingue plus la surface ni le fond englouti dans les ténèbres. C'est un régale pour les yeux qui se perdent un univers graphique, de couleur et de lumière. Platax, vivaneaux, neadlefish, jackfish (carangues) nous offre un carnaval en trois dimensions avant le passage des raies aigles volant en patrouille dans le grand bleu.
Quand je suis rentré, j'avais des crampes à force d'avoir la banane.
Photo d'illustration empruntée du web, mais j'en attend sous peu